Témoignage de Jean-Pierre Duval

Nadia,

J'ai connu Nadia quand elle avait 6 ans, l'âge d'Ava. C'était en Afrique où je travaillais avec Jacques. Nos familles s'étaient rencontrées

Depuis, j'ai eu avec elle une relation suivie, régulière, surtout après le décès de Jacques. Une relation rare, au sens de pas assez, et au sens d'essentiel, de riche et d'intense. Comme des pointillés, ou des points d'appui pour rebondir. C'était entre nous. Peu de gens savaient.

Nadia, c'est une vraie lionne. Excessive dans ses amours, ses amitiés, ses succès, ses espoirs, mais aussi dans ses chagrins, ses déceptions. Il fallait la freiner, la calmer ou au contraire la rassurer, la pousser. Exigeante, sure d'elle et en même temps pleine de doutes. Je l'ai accompagnée, elle m'a apporté autant que j'espère lui avoir apporté. Et de cela, je suis fier. Et puis, n'oubliez pas, une lionne, ça protège ses petits!

Je suis venu la voir, il y a quelques semaines, elle sortait de l'hôpital et j'ai été scotché, comme vous, de cette luminosité, de cette sérénité, de cet optimisme à affronter la méchante bête. Savez vous ce qu'elle m'a dit?: "Cette maladie, c'est une chance!" Tu déconnes Nadia, la chance, c'est que tu vives au milieu de tes amis, avec ta fille, avec tes écritures… "Oui, mais elle est là, alors c'est une chance de retrouver mon essentiel, mes amitiés vraies, l'indispensable, de préparer sereinement l'avenir d'Ava". Elle pouvait être têtue quelquefois! Elle était rayonnante, elle était belle ! Elle est belle ta maman, Ava!

Alors, oui, ce texte : Le soir, j'étais seul dans un appartement prêté par une amie (seul ? non, avec Nadia) et par hasard, je tombe sur ces quelques lignes, et il y avait une telle résonance avec cet après midi que ça ne pouvait pas être du hasard. Je lui ai envoyé, elle l'a gardé, elle a voulu qu'il soit lu.

C'est très court, c'est de Victor HUGO:

Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête…

Je t'aime Nadia.